Parution : "Oscar Niemeyer en France - Un exil créatif", par Vanessa Grossman et Benoît Pouvreau, Éditions du patrimoine, mars 2021

Décédé en 2012 à la veille de ses 105 ans, l’architecte brésilien Oscar Niemeyer est mondialement connu grâce à la notoriété de ses projets, Brasília notamment. Après une formation à l’École nationale des beaux-arts de Rio de Janeiro dans les années 1930, il entre dans l'agence de Lucio Costa, proche de Le Corbusier. Devenu indépendant, Niemeyer rencontre Juscelino Kubitschek, maire de Belo Horizonte ; quand celui-ci, devenu président, décide de la conception de la nouvelle capitale, Niemeyer en construit naturellement les principaux bâtiments publics. Avec l’inauguration de la ville en 1960, il devient une célébrité mondiale. Quatre ans plus tard, fuyant la dictature militaire, il trouve refuge en France où il reçoit plusieurs commandes émanant du Parti communiste français (PCF) et d’André Malraux, ministre des Affaires culturelles. Alors que Niemeyer ouvre une agence sur les Champs-Élysées, se succèdent nombre d’édifices emblématiques comme le siège du Comité central du PCF, à Paris, la Maison de la culture du Havre dite « Le Volcan », la Bourse départementale du travail de Bobigny, ou le siège de L’Humanité à Saint-Denis. Si l’architecte retourne régulièrement dans son pays natal, il ne s’y réinstallera définitivement qu’en 1981, peu d’années avant la fin de la dictature, fermant alors son agence à Paris.

Cette étude est l’occasion de mieux connaître ces projets et d’en découvrir d'autres moins connus, comme les résidences dans le midi (villa Nara Mondadori, Saint-Jean-Cap-Ferrat), les logements collectifs (Grasse, Dieppe ou Villejuif), ou les immeubles de bureaux (Renault à Boulogne-Billancourt, La Défense). En présentant croquis, plans, maquettes, photos et documents jamais publiés, provenant d'une myriade de fonds privés et publics français, et de la Fondation Oscar Niemeyer à Rio, l’ouvrage jette un éclairage unique sur son œuvre. Il montre notamment comment ses réalisations françaises ont marqué le développement de ses réseaux internationaux.

Sa riche personnalité le vit également dessiner des meubles en France pour la première fois, concevoir une scène éphémère pour la Fête de L’Humanité, participer au jury qui choisit les jeunes Piano et Rogers pour le Centre Pompidou, ou encore imaginer une salle de spectacles amovible pour la Cour carrée du Louvre. Mais le livre donne surtout un coup de projecteur sur le parcours international de celui qui fut un des derniers grands architectes modernes du XXe siècle.