Article : Le Palais présidentiel d’Abidjan : la logique de l’opulence par Hugo Massire

Plus d’un demi-siècle après la décolonisation, palais et résidences officielles sont encore souvent ignorés par la critique, la moralité de leurs financements ou la mégalomanie de leurs commanditaires paraissant éclipser la qualité et l’intérêt des constructions. Terminé en 1961, le palais présidentiel d’Abidjan a été construit par l’architecte Pierre Dufau sur des fonds français. Situé à la jonction de l’indépendance ivoirienne et de sa fausse table rase, ce luxueux complexe mêle la science de la composition des Prix de Rome avec la recherche syncrétique d’une excellence artistique française. Au-delà des sommes considérables engagées, le palais exprime par son programme l’imbrication des liens entre langage et pouvoir et la complexité des rapports entre besoins et demandes. Ce cas d’étude ne visera donc pas tant à placer cet unicum dans une généalogie formelle ou technique ou à interroger son opportunité. Alors que l’historiographie tend toujours à mettre en valeur la recherche de la rationalité et de l’économie, on tâchera ici de définir la logique de l’opulence.