Numéro spécial "Claude Parent, la pensée subversive, l’œuvre perturbatrice"

Ce numéro spécial du Bulletin Docomomo France est disponible :
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Informations publications
 

SOMMAIRE

3 | Éditorial | Richard Klein
5 | Claude Parent, contradicteur et suiveur d’une modernité disgraciée | Audrey Jeanroy
15 | L’œuvre bâtie de Claude Parent, un enjeu patrimonial | Alice Weil
25 | Vers l’oblique. La villa Drusch à Versailles, un héritage à préserver | Milena Crespo
31 | Maison de l’Iran - Fondation Avicenne | Riccardo Forte, Milena Crespo et Alice Weil
43 | « Réinterroger » le moderne : le projet de réhabilitation de la Fondation Avicenne à la Cité internationale universitaire de Paris | Gilles Beguin et André Macchini
53 | Inventaire des projets réalisés par Claude Parent (1952-1996) / archives | Audrey Jeanroy
63 | Bibliographie

RÉSUMÉ

Architecte, théoricien, artiste, dessinateur, polémiste, Claude Parent a été indéniablement une figure à la personnalité brillante et contradictoire ; mélange de charisme, d’égo, d’esprit créatif et de talent. Étranger à toute catégorisation conventionnelle de par ses attitudes anticonformistes et provocantes, ce rebelle non diplômé, anti-école des Beaux-Arts (mais élu académicien en 2005), fréquente le milieu des avant-gardes de l’après-guerre (du groupe Espace, créé en 1951 par le sculpteur André Bloc et le néo-plasticien Félix del Marle, au cercle d’Yves Klein, Jean Tinguely, Nicolas Schöffer et de l’architecte Ionel Schein). Précurseur, il n’hésite pas dès le milieu des années 1950 à opérer une profonde rupture épistémologique avec le modernisme finissant dont il rejette les dogmes, afin d’explorer la puissance visionnaire d’une recherche expérimentale fondée sur des principes “déstabilisants” en termes d’organisation spatiale.

Claude Parent est un architecte de renom, bénéficiant de prestigieuses commandes publiques et privées. Suite à la rencontre avec l’urbaniste Paul Virilio et à la création du groupe Architecture principe, il élabore les fondements de la fonction oblique, une théorie préconisant la fin des certitudes cartésiennes consolidées au profit d’une architecture fracturée, modelée sur le dynamisme fluide des espaces et des plans inclinés. Cette théorie perturbatrice, qui émane d’une radicalité propre aux utopies “régénératrices” des années 1960, est symbolisée par l’église de Sainte-Bernadette du Banlay à Nevers, un “monolithe cryptique” conçu avec Virilio entre 1963 et 1965, classée en 2000 au titre des Monuments historiques.

Pendant l’“âge doré” des années 1950-1970, sa démarche expérimentale a produit des architectures totémiques (villa d’André Bloc au Cap d’Antibes, église de Sainte-Bernadette à Nevers, maison de l’Iran à la Cité universitaire de Paris, villa Drusch à Versailles, centre commercial à Sens). Néanmoins, l’avenir du legs bâti de Claude Parent, décédé le 27 février à l’âge de 93 ans, est pour le moins incertain. Si la portée innovatrice de sa pensée et de son œuvre a été pleinement reconnue depuis vingt ans - après une longue période d’oubli - et célébrée par une exposition rétrospective à la Cité de l’architecture et du patrimoine en 2010, les carences, en termes de légitimation patrimoniale, sont tout à fait évidentes. Malgré les mesures de protection dispensées au bénéfice de quelques bâtiments-signaux, la sauvegarde et la valorisation de la majorité de son héritage architectural n’est pas encore une donnée pleinement acquise.

Issu d’un travail documentaire collectif produit par un groupe d’historiens et de spécialistes, ce numéro spécial du Bulletin Docomomo France, consacré à un tenant hérétique de la modernité, questionne le devenir matériel de ses édifices, et, au sens plus général, l’impact de la dynamique patrimoniale qui concerne en égale mesure les architectures menacées du mouvement moderne et les réalisations datant des soixante dernières années. Comme Claude Parent l’avait remarqué, la vulnérabilité de l’architecture du XXe siècle est induite aussi bien par des facteurs sociaux que par des contraintes imposées par les mesures normatives et les règles de production de l’industrie, ce qui a déterminé, dans plusieurs cas, des effets dévastateurs. Ces phénomènes requièrent un engagement culturel supporté par des actions efficaces de vigilance. De plus, face à l’approche doctrinale “canonique”, visant la conservation rigoureuse de matériaux et technologies expérimentales à l’époque, mais devenus, à l’épreuve du temps, précocement obsolètes et aujourd’hui inapplicables, les critères méthodologiques adoptés dans la réhabilitation et la rénovation des bâtiments modernes nous obligent à une relecture et à une remise en question globale de l’évolution identitaire de l’architecture moderne et de ses dispositifs de reconnaissance patrimoniale.

Bulletin Docomomo France

Publication éditée par Docomomo France.
Numéro spécial monographique consacré à l’architecte Claude Parent (1923-2016).
Directeur de publication : Richard Klein
Rédacteur en chef : Riccardo Forte
Rédactrices : Alice Weil, Milena Crespo
Secrétaire de rédaction : Léo Noyer-Duplaix
Édition numérique : ISNB 978-2-9560350-0-8 | ISSN 2554-3784​
Édition imprimée : ISBN 978-2-9560350-1-5 | ISSN 2554-5574